Quand on écrit un livre, il arrive que notre premier jet ne soit qu’une colonne vertébrale ou un squelette qu’il faudra habiller lors de la réécriture. Mais il arrive parfois que ce soit l’inverse, qu’on ait été trop prolixe et qu’il faille raccourcir le texte. Comment procéder ?
Je vous livre ici quatre suggestions pour y parvenir 😊 Le texte est ci-dessous si vous préférez lire 😀
Kill your darlings ou comment se transformer en meurtrier 😂
Première astuce pour raccourcir son roman : Kill your darlings ! 😜 Cette phrase est un conseil d’écriture qu’on attribue parfois à William Faulkner ou Oscar Wilde, mais apparemment le premier à l’avoir donné serait un auteur britannique nommé Arthur Quiller-Couch, en 1914. Bref… L’idée c’est de supprimer nos passages chouchous, nos petits chéris…
Je m’explique : On a tous des phrases ou des passages qu’on aime particulièrement bien dans nos romans. On ne sait pas pourquoi, mais il y a un truc, ça a de la gueule 😂 On était vraiment inspiré ce jour-là et on a écrit de jolies phrases, bien tournées, dont est particulièrement fier…
Sauf que… Parfois (souvent il semblerait) ces phrases ou ces passages ne servent à rien. Ça n’apporte rien à l’histoire, ça ne fait pas avancer l’intrigue, ça n’apprend rien sur les personnages etc… Ce sont justes des petites fioritures qui font joli et flattent notre égo d’auteur 😂 Mais en soi, elles n’amènent rien. C’est valable aussi pour certaines scènes, voire certains chapitres qui nous font faire un énorme détour, parce qu’on a envie de les garder, alors qu’en fait on pourrait les supprimer pour aller plus à l’essentiel. Sans que ça ne pénalise l’intrigue…
C’est donc la première chose à supprimer : toutes ces petites fioritures ou ces détours qu’on fait pour rien. Cela permettra déjà de bien raccourcir votre roman.
Deuxième chose sur laquelle travailler : vos personnages. N’y a-t-il pas des personnages qui au fond ne servent à rien, ou pas grand chose ? Il arrive parfois qu’on ait besoin que quelqu’un dise/fasse quelque chose à un moment donné, et donc on crée un personnage pour cela. En soi c’est un perso qui ne sert à rien… Vous pourriez très bien trouver un moyen de faire intervenir un personnage qui existe déjà.
Autre cas de figure : vous avez parfois des personnages « tertiaires » qui peuvent fusionner pour créer un personnage secondaire. Si certains personnages n’interviennent qu’une ou deux fois dans le roman, il est peut-être possible de les fusionner pour créer un perso secondaire qui aura un peu plus de poids. Le fait de fusionner ou supprimer des personnages vous permet d’avoir moins d’espace à leur consacrer 😉
La chose importante à garder en tête c’est : est-ce que chaque personnage a une fonction précise, un rôle utile qui permet de faire avancer l’intrigue ? Si ce n’est pas le cas, c’est un personnage qui peut sauter…
Parfois ce n’est pas évident de prime abord. Prenons le personnage de Lavande Brown dans la saga Harry Potter. Certes il faut des élèves dans l’école de Poudlard. Et au début elle n’intervient donc que quelques fois. Mais que ce soit elle qui dise ses répliques, ou quelqu’un d’autre, en soi ça ne changerait pas grand chose. On pourrait donc se dire que ce personnage n’est pas très utile… Sauf que bien plus tard dans la saga, Lavande va sortir avec Ron, ce qui rendra Hermione jalouse. Et c’est comme ça qu’on verra l’évolution de ses sentiments… Lavande a donc bien une importance et est bien utile pour faire avancer l’intrigue… Pareil avec le personnage de Dean Thomas, qui sortira avec Ginnie, provoquant ainsi la jalousie d’Harry et donc la révélation de ses sentiments pour la sœur de Ron.
Aller à l’essentiel
Troisième façon de raccourcir votre roman : allez à l’essentiel dans vos phrases. Si vous pouvez le dire en huit mots au lieu de douze, faites-le. Ça vous permettra non seulement de raccourcir un peu le roman, mais aussi d’être plus incisif. Cela ne doit pas plomber votre style évidement ! Le style a de l’importance aussi. Mais souvent il y a plein de petits mots qu’on utilise et qui ne servent pas à grand chose par exemple… Le sens de la phrase ne changerait pas si vous les supprimiez…
Ce dernier passage au peigne fin est à effectuer au moment de votre dernière relecture, avant d’envoyer le texte à un correcteur (si vous pouvez vous le permettre) ou de publier le roman…
Pour terminer, le quatrième axe à explorer concerne vos descriptions. Ne sont-elles pas trop longues ? En particulier lorsque ce sont des descriptions de lieux…
Trois pages qui décrivent une plage, oui c’est génial pour plonger dans l’ambiance… Mais honnêtement, c’est très (trop) long. Ça ralentit le rythme, ça alourdit votre histoire et ça allonge le roman pour rien au fond…
Autre option : vos descriptions sont-elles toujours nécessaires ? Si par exemple votre personnage va boire un café avant de prendre un train, on n’a pas forcément besoin de la description complète de l’établissement ou de la gare… Il va boire un café et puis il va prendre son train, ça va on a compris 😜
Je ne dis pas qu’il ne faut pas de descriptions dans votre roman évidement ! Mais à moins que l’histoire se passe dans le futur et que les trains ne roulent plus sur des rails (auquel cas oui, ce serait utile de décrire la gare !), on sait tous à quoi ressemble une gare, même si certaines ont des caractéristiques particulières. Deux lignes pour planter le décor suffisent… La seule exception, c’est si votre personnage reviendra plusieurs fois dans cette gare et qu’elle aura de l’importance pour la suite de l’histoire… Mais à la limite vous pouvez alors repousser la description à la seconde fois qu’il y met les pieds, ou même distiller les éléments à travers toutes les fois où il y revient…
Dans l’absolu, si votre personnage principal se trouve dans un lieu où il n’ira qu’une seule fois, ce n’est pas forcément nécessaire de décrire cet endroit sur des pages entières… A une exception près peut-être, c’est si le lieu en question a de l’importance pour un autre personnage…
Là encore, je m’explique : dans L’oubliée du lac, mon personnage principal, Eloïse va passer une soirée chez sa meilleure amie. Mais ensuite elle n’y remet plus les pieds durant tout le roman. J’aurais donc pu me dire que la description de l’appart n’était pas nécessaire…. Sauf que non seulement il y a une longue scène qui s’y déroule la seule fois où elle y va, donc c’était nécessaire de donner quelques éléments de mise en situation. Mais surtout le personnage de sa meilleure amie est présent tout au long du roman et pour elle ce lieu est important. Une brève description de son appart se justifie donc. Deux petits paragraphes et c’est bon, on passe à autre chose 😄
(Mise à jour de novembre 2020 : Au final, Eloïse ira deux fois dans cet appartement… Mais le conseil tient toujours 😜)
Enfin si vous cherchez encore une raison d’aller à l’essentiel pour raccourcir votre roman, dites-vous qu’en tant qu’auteur, on participe quand même vachement au processus de déforestation de la planète ! 😬🤯
Eh oui, publier nos livres en version papier, ça nécessite que des arbres soient abattus… Alors la moindre des choses vis-à-vis de notre planète, c’est d’être sûr que tout ce qu’on met dans notre roman soit vraiment essentiel 😉 Qu’il n’y ait pas de superflu qui soit juste là pour faire joli, mais qui n’apporte rien à l’histoire… Et ce, afin de ne pas gaspiller inutilement des ressources qui sont déjà limitées 😉
Voilà donc pour ces quelques pistes à explorer… J’en ai oublié c’est certain ! 😅 Donc si vous avez d’autres idées, d’autres suggestions, n’hésitez pas à les laisser en commentaire s’il vous plaît 😊 Histoire d’en faire profiter tout le monde 😀
A très vite 😘