Conte : Naissance du monde

Conte: Naissance du monde

Il y a un an j’ai participé à un atelier d’écriture. L’un des exercices imposés consistait à inventer un récit qui expliquerait la création du monde. En 30 minutes…Comme ça, bim dès la première matinée ! 30 minutes pour créer l’univers (20 si on enlève la pause clope), croyez-moi ça met la pression 😜Voici donc ma version de la création du monde, sous forme de petit conte.

Ego regarda autour de lui. L’immensité qui l’entourait était certes vaste, mais bien vide. Tout cet espace à portée de main, et aucune utilisation…Cela lui semblait un beau gâchis.

Il passa la main dans sa barbe, réfléchissant à ce qu’il pouvait faire pour remédier à cela. Ce faisant, les poils de sa moustache vinrent lui chatouiller le bout du nez. Il éternua, avec toute la violence de sa stature. Une explosion de salive jaillit autour de lui, projetant des gouttelettes dans toutes les directions. A sa grande surprise, ces gouttelettes ne disparurent pas. Elles restèrent en suspension devant lui. Ainsi naquirent les planètes de l’univers.

Stupéfait, Ego se gratta la tête, cherchant à comprendre ce qu’il venait de se passer. Sous ses ongles, son cuir chevelu s’anima et une pluie de pellicules se déposa sur ses épaules. Ego les balaya distraitement du revers de la main, les envoyant voler aux confins de l’univers. Là encore, les pellicules ne disparurent pas. Elles continuèrent leur course autour de lui. Ainsi naquirent les comètes.

Amusé, bien que toujours perplexe, Ego se demanda ce qu’il pouvait faire d’autre. Il porta la main droite à sa bouche, arracha l’ongle de l’index et le cracha au loin. Il percuta une comète, rebondit contre une planète et explosa en milliards de fragments incandescents. Si éclatants qu’ils éclairaient et réchauffaient l’espace autour d’eux. Ainsi naquirent les étoiles.

Comprenant que son pouvoir était bien plus grand qu’il ne le pensait, Ego tenta une nouvelle expérience. Il fit jouer ses doigts autour des planètes et des étoiles. Sa force prodigieuse rassembla les éléments nouvellement formés et les maintint ensemble. Ainsi se formèrent les galaxies.

Ego admira sa création. C’était beau. L’immensité auparavant vide et sombre brillait maintenant de mille feux. Mais, se dit-il, c’est dommage d’être tout seul à profiter d’un tel spectacle. Cette idée lui serra le cœur et fit couler ses larmes. L’une d’entre elles descendit le long de sa joue et atterrit sur la plus proche planète. Celle-ci fut presque entièrement recouverte d’eau. Ainsi naquirent les océans.

 

Ego se pencha vers cette planète. Il vit que l’eau provenant de sa larme avait fait pousser de nouvelles choses. Des arbres, des plantes, des champs, des forêts. A nouveau il se gratta la barbe, perdu dans ses réflexions. Quelques poils se détachèrent sous ses doigts et se déposèrent à la surface de la planète. A son contact, ils s’animèrent et prirent des formes variées. Ainsi naquirent les animaux.

Ego contempla ce nouveau monde qu’il avait créé malgré lui. Le monde lui plaisait. C’était tellement beau qu’il avait envie de l’habiter, de parcourir cette belle planète. Mais c’était impossible bien sûr, il était trop grand. Il se demanda alors s’il pouvait au moins y mettre une petite partie de lui-même. Cherchant autour de lui, il repéra une planète rocheuse. Il s’en saisit et s’entailla la main gauche. Cette main géante libéra des milliards de petites gouttes de sang qui s’écrasèrent sur la planète. Au contact de sa surface, les gouttes de sang se transformèrent, comme l’avaient fait les poils de sa barbe. Tout le pouvoir d’Ego, toute sa vitalité, étaient contenus dans chacune des gouttes de son sang. Et chacune prit vie, se développa et grandit. Ainsi naquirent les hommes.

Ils levèrent la tête et virent le visage d’Ego penché sur eux. Ils le saluèrent et le remercièrent de les avoir placés là. Ego sourit, car il était heureux qu’une partie de lui se trouve sur cette planète. Grâce à son sang qui coulait dans les veines des hommes, il pouvait ressentir ce qu’ils ressentaient. C’était comme si lui aussi parcourait cette jolie planète, comme si lui aussi courait dans les champs, nageait dans les océans et respirait l’odeur des forêts humides.

Il promit aux hommes de toujours les protéger, car ils étaient une partie de lui. En retour, les hommes lui promirent de ne jamais l’oublier et de toujours prendre soin de cette Terre qu’il avait créée pour eux, même par hasard.

Inutile de dire que depuis, les hommes ont oublié leur promesse. Et Ego, qui était très triste de voir ce que les hommes avaient fait de leur belle planète, et surtout de constater qu’ils avaient rompu leur promesse, décida de les laisser à leur sort. De tourner le dos à ce spectacle douloureux et affligeant. Il s’en alla plus loin dans l’espace, pour voir s’il pouvait trouver une autre planète sur laquelle tout recommencer. En mieux. Peut-être que cette fois-ci, il trouverait un moyen de vraiment vivre parmi les hommes, sur la planète, avec eux. Au moins jusqu’à ce qu’il soit sûr que les hommes ne referaient pas les mêmes erreurs.

Depuis, Ego parcourait l’univers, à la recherche de cette nouvelle Terre. Mais on ne sait toujours pas s’il l’a déjà trouvée…

 

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