Comment lutter contre le perfectionnisme - Emily Nols Auteur

Lutter contre le perfectionnisme

Hello tout le monde, aujourd’hui on parle du perfectionnisme maladif,  y compris en matière d’écriture. J’avais envie d’aborder ce sujet car c’est un “défaut” qu’on retrouve chez beaucoup d’auteurs. Rien qu’au cours des dernières semaines, j’en ai vu plusieurs dire qu’ils sont trop perfectionnistes et que cela a un impact négatif sur l’avancée de leur roman.

Attention je ne dis pas que moi j’ai vaincu mon perfectionnisme maladif ! 😅 C’est même tout l’inverse, c’est à cause de ça que j’ai frôlé le burn out au mois de janvier ! Mais j’ai appris quelques petites choses pour essayer de le gérer plus sainement et j’ai eu envie de les partager avec vous, au cas où vous seriez aussi confrontés à ce problème 😊 Ce sont des conseils qui valent dans n’importe quel domaine, mais j’ai essayé de les aadapter à l’écriture bien entendu 😉

Je vous laisse la vidéo, mais bien sûr, l’article est juste en-dessous 😊

 

 

Perfectionnisme maladif, comment ça marche ?

 

Ce perfectionnisme maladif peut s’exprimer de plusieurs façons. Parmi les plus courantes, on retrouve : la procrastination, la peur de l’échec, la philosophie du Tout ou rien (ex: si je ne peux pas le faire parfaitement, c’est pas la peine de commencer), la paralysie du perfectionniste, la dépendance au travail, le besoin de tout contrôler, le manque d’estime de soi etc etc…

Mais concrètement en matière d’écriture, comment ça peut s’exprime ?

Je vais vous dresser le portrait d’un perfectionniste maladif extrême 😄 Dites-moi en commentaire si ce qui suit vous semble familier : 

Vous voulez écrire une histoire (que vous entamez à peine ou qui est déjà avancée), mais vous n’êtes pas sûrs de vous, vous ne savez pas dans quelle direction aller. Donc vous repoussez votre session d’écriture jusqu’à avoir les idées claires, parce que “ça ne sert à rien de commencer si je n’ai plus d’idées au bout de 10 pages”.

Vous décidez éventuellement de commencer par détailler de façon extrême le monde imaginaire dans lequel votre histoire se déroulera, allant même jusqu’à créer une carte du réseau d’égouts, alors même que vos personnages n’y mettront jamais les pieds.

Et quitte à parler des personnages vous voulez être certains de les connaître par cœur donc avant de commencer à écrire vous faites leur arbre généalogique sur 10 générations, vous développez leur backstory jusqu’à connaître le nom de leur nounours préféré quand ils étaient petits, vous savez combien de grains de beauté ils ont et quel est leur parfum de glace favori… En gros vous passez des mois voire des années à développer le monde et vos personnages mais vous n’avez toujours pas écrit une seule ligne de l’histoire.

Ensuite, après quelques temps vous commencez enfin à écrire. Arrivé à la fin du premier ou éventuellement du deuxième chapitre, vous n’êtes pas satisfait de votre travail, ce n’est pas assez bien pour vous. Donc vous reprenez l’écriture du premier chapitre encore et encore et encore jusqu’à ce que ça vous convienne. Et une fois que vous en êtes là, vous réalisez que vous n’avez plus d’idées ou d’énergie créative pour écrire la suite de l’histoire. Et vous vous dites que vous n’arriverez jamais à publier votre roman et que même si vous le faisiez, il est tellement nul que personne ne le lirait… Résultat vous recommencez encore et encore parce que vous voulez être sûr que tout soit parfait et il est inconcevable pour vous de faire autre chose tant que cette histoire n’est pas terminée, et bien sûr parfaite. Ou alors, quand vous arrivez enfin à finir votre histoire, vous réalisez que sur le temps qu’il vous a fallu pour la mener à bout, d’autres auteurs ont publié 3 romans. Vous vous dites donc que manifestement vous n’êtes pas fait pour être auteur…

Voilà… Vous n’êtes peut-pas concerné par tous les exemples que je viens de citer, mais je suis certaine qu’il y en a au moins un ou deux qui vous parlent… Si c’est le cas, n’hésitez pas à me le dire en commentaire… 😜

 

Comment gérer le perfectionnisme ?

 

Sachez que vous n’êtes pas seul à vous battre contre ce perfectionnisme maladif. Mais je pense qu’il y a des façons de le gérer plus sainement. Je vais partager ici mon avis et mon expérience sur la question. Je ne dis pas que ce sont des vérités absolues et que tout le monde s’y retrouvera, mais voilà, je parle de ce que je connais.

Premièrement il est important d’en prendre conscience. Se rendre compte qu’on est un perfectionniste maladif.

Les exemples que j’ai cités juste avant peuvent vous y aider. Pour moi le signe le plus évident du perfectionnisme maladif c’est la paralysie qu’il entraîne. Typiquement, c’est l’auteur qui a réécrit 25 fois son premier chapitre mais n’a toujours pas écrit la suite. Ou celui qui ne commence même pas à écrire parce qu’il est convaincu qu’il n’a pas assez d’idées ou que son histoire n’est pas assez bonne alors ça ne vaut pas la peine de commencer. Dans une variante, c’est aussi celui qui bloque devant sa page blanche parce que dans sa tête il faut que l’histoire soit parfaite dès le premier coup et le premier jet. Ou encore celui qui se noie dans le worldbuilding et qui après 7 ans a développé un univers génial et super détaillé, avec des cartes et des illustrations, mais qui n’a toujours pas écrit une seule ligne de l’histoire.

D’ailleurs si c’est votre cas, et pardon pour ce que je vais dire, vous seriez peut-être plus heureux en tant que concepteur de jeux vidéos par exemple, qu’en tant qu’auteur. Parce que de toute évidence ce qui vous plaît le plus c’est de créer des mondes, ce n’est pas d’écrire. Voilà, parenthèse refermée.

Pour revenir au sujet, la première chose à faire donc c’est de prendre conscience de son perfectionnisme maladif et de ce qu’il entraîne comme difficultés.

La deuxième étape c’est de savoir d’où ça vient et à quoi ça nous ramène.

Alors petit moment thérapie expresse personnelle. En ce qui me concerne, dans ma tête: perfection = amour. Oui je sais c’est tordu. Mais c’est dans le sens  : si ce que je fais n’est pas parfait, alors on ne m’aimera pas… C’est tordu, c’est malsain… Mais je pense que c’est aussi très répandu…

Et je sais précisément comment et à cause de quoi ce raccourci tordu s’est créé dans ma tête. Je peux identifier  des souvenirs qui ont fait naître ce lien malsain dans mon esprit. Evidemment j’ai travaillé là-dessus en thérapie aussi, ça ne sort pas de nulle part. Mais si vous n’avez pas envie d’aller consulter un psy, ce que je peux comprendre, essayez quand même de vous demander ce qu’il y a derrière votre perfectionnisme. Quelle est l’angoisse sous-jacente que ça cache ? Est-ce que c’est la peur de ne pas être aimé, est-ce que c’est un problème d’estime de vous, un manque de confiance en vous, un besoin de tout contrôler, qui là aussi tire sûrement son origine de quelque chose, est-ce que c’est une confusion entre votre valeur personnelle et votre valeur professionnelle (en gros le fameux : Mon roman est une merde donc je suis une merde).  Bref, faites une bonne introspection pour voir ce qui a donné naissance à tout ça.

 

Système éducatif et perfectionnisme

Et dites-vous aussi que parfois c’est juste la façon dont la société fonctionne qui a créé ça. Je m’explique : on est conditionné depuis l’enfance à recevoir des bons points ou des marques d’attention quand on fait du bon travail. Ça commence par maman et papa qui applaudissent quand on fait nos premiers pas (ce qui est très bien !) et ça se poursuit à l’école, où on reçoit des bons points ou des bonnes notes quand on fait du bon travail… Fatalement on a tous été élevés à devenir accro à une reconnaissance extérieure, qui confirme ou pas notre valeur. Et donc inconsciemment on stresse à l’idée de ne pas produire un travail de qualité. Tant que ça nous permet de continuer à faire des efforts pour nous améliorer, c’est très bien. Mais à partir du moment où ça vire à l’obsession, où ça nous paralyse et où on n’est plus capable de trouver cette reconnaissance et cette valeur en nous-mêmes, c’est là que ça devient un problème.

Attention je ne dis pas que déterminer d’où ça vient permettra de faire disparaître ce perfectionnisme maladif. Mais au moins vous pourrez repérer les moments où il s’exprime et donc vous remettre les idées en place. Par exemple pour moi, c’est me dire : Non la qualité de ton travail n’a rien à voir avec le fait qu’on t’aime ou pas, ce n’est pas parce que ton travail n’est pas parfait que tes proches ne t’aimeront plus ! Et l’inverse est vrai aussi: je pourrais créer le roman parfait, ça ne veut pas dire que tout le monde m’aimera.

Donc voilà… C’était l’instant psy. Retour à l’écriture 😅🤣

La troisième étape c’est d’apprendre à faire la part des choses, à reconnaître les moments où c’est le bon perfectionnisme qui parle, et ceux où c’est le mauvais qui nous pourrit la vie. Le bon perfectionnisme, c’est celui qui va nous permettre d’être consciencieux et minutieux dans notre travail, de faire attention aux détails, de s’assurer qu’il n’y a pas de trous dans notre histoire, de questions qui n’ont pas eu de réponses, ou de ne pas avoir un personnage qui un coup a le bras droit amputé, un coup c’est le gauche… Le bon perfectionnisme c’est celui qui va nous permettre de produire un travail de qualité. Le mauvais, bon ben j’ai donné assez d’exemples, c’est celui qui nous paralyse, celui qui fait que si ça peut pas être parfait directement, c’est pas la peine d’écrire, celui qui va vous faire déplacer une virgule 25 fois avant d’être content etc etc.

La quatrième étape, c’est de prendre du recul, de relativiser et de revenir à l’essentiel. Souvent on devient tellement perfectionniste parce qu’on met trop d’attentes sur notre roman. Je l’ai déjà dit dans mon article sur la peur d’écrire, mais votre roman n’est pas une question de vie ou de mort ! Si vous n’arrivez pas à l’écrire vous n’allez pas mourir. Si vous le publiez et qu’il fait un bide vous n’allez pas mourir non plus. Il faut relativiser et lâcher prise. Dites-vous que même si vous écriviez le roman parfait (et on sait tous que la perfection n’existe pas !), il y a des éléments qui échapperont à votre contrôle et notamment l’accueil que recevra votre roman de la part du public. On a beau y avoir mis toute notre âme et avoir ensuite créé une campagne de communication digne d’Apple ou de Coca Cola, si personne n’a envie de l’acheter, il se perdra dans les méandres d’Amazon. C’est comme ça. Vous ne pouvez pas contrôler l’envie qu’auront les gens de l’acheter ou pas. Alors sachant ça… C’est bon quoi, on peut arrêter de se mettre la pression 😉

Faites taire vos doutes et lancez-vous. Ecrivez votre premier jet et allez jusqu’au bout, même s’il n’est pas parfait… C’est à ça qu’il sert… Il vaut mieux un premier jet imparfait mais terminé, que deux premiers chapitres parfaits et plus rien ensuite… Parce qu’on s’est épuisé à les réécrire 20 fois avant de passer à la suite de l’histoire… C’est juste bon pour vous dégoûter…

Et surtout rappelez-vous cette phrase :

« On peut toujours corriger et améliorer une mauvaise page. On ne peut pas corriger une page blanche ! » 

 

Je ne sais plus de qui elle est, mais personnellement, elle m’a bien servi à certains moments 😃

Voilà donc pour cette (longue 😅 ) réflexion sur le perfectionnisme, j’espère que ces quelques conseils vous aideront à maîtriser le vôtre, si vous êtes concernés par le problème.

On se retrouve la semaine prochaine, avec une petite collaboration entre auteurtubeurs bien sympathique 😀  Soyez au rendez-vous ! 😜

A mercredi les ptits loups 😘

2 réflexions sur “Lutter contre le perfectionnisme”

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